mardi 30 décembre 2008

Le boom de la videosurveillance - 2/4


Le boom de la videosurveillance

« La vidéosurveillance est un excellent moyen pour lutter contre la délinquance et le terrorisme. Pourquoi serais je choqué ? Après tout je suis un honnête citoyen qui n’a rien à se reprocher ! »


En 2007, d’après le président de la CNIL, la France comptabilise environ 400 000 caméras de vidéosurveillance. La majorité des caméras de surveillance sont dans le domaine public. Dans ce cas, ce sont les préfets qui délivrent les autorisations de mise en service. En revanche dans le domaine privé, c’est la CNIL qui est l’organisme compétent. L’exploitation du sentiment d’insécurité à grand renfort de matraquages télévisés par un spectre politique qui va de l’extrême droite au Parti Socialiste fait les beaux jours de l’industrie sécuritaire qui se partage un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros si l’on considère la seule vidéosurveillance… Malgré le coup élevé de l’installation, de la gestion des vidéos et de l’entretien, le nombre de communes de toutes obédiences politiques qui se sont dotées d’un système de contrôle optique est en pleine expansion. Elles seraient actuellement près de 300.

En juillet 2007, en prévision de la future loi d'orientation et de programmation de sécurité intérieure" (LOPSI), la ministre de l’intérieur déclarait vouloir tripler les capacités de vidéosurveillance. Alors que le gouvernement affirme que la France est en faillite, et qu’une politique de rigueur est indispensable, Alliot-Marie reconnaît que le coût de son projet s’élèverait à "plusieurs centaines de millions d'euros au total"…
L’image du modèle britannique et de ses 4 000 000 de caméras est désormais dans toutes les têtes. Londres, comptabilise à elle seule 400 000 caméras. Autant dire qu’à ce rythme la moindre parcelle géographique est quadrillée et que « Big brother is watching you ».
Pour autant, l’efficacité de ce système de surveillance est sérieusement remise en question. De l'aveu même de l'ancien maire de Levallois-Perret précurseur en la matière, la vidéosurveillance ne supprime pas la délinquance, mais se contente de la déplacer dans les quartiers périphériques ou les endroits non surveillés. Même si dans les attentats de 2005 à Londres, elle a facilité l’identification des suspects, elle n’a pas empêché les attentats suicides ni même la seconde vague.
Dès lors, la vidéosurveillance apparaît comme un outil technologique de contrôle social et une menace pour la vie privée et les libertés individuelles ou collectives au profit d’une industrie sécuritaire en pleine expansion.
Avec le progrès technique, des logiciels de vidéosurveillance « intelligents » sont apparus sur le marché. Des caméras placées sur les axes autoroutiers pourraient constater une infraction, traiter le dossier et dresser la sanction.
Plus inquiétant, associée aux dispositifs biométriques d’identification faciale, la vidéosurveillance peut déterminer l'identité d'une personne, sans aucun contrôle de police, et sans l'avertir que son identité est en train d'être vérifiée et enregistrée.

Dangereuse aujourd'hui, elle peut être demain l'arme absolue d'un pouvoir totalitaire.