mardi 30 décembre 2008

le fichage ADN - 3/4


Refusons le fichage ADN

" Le fichage ADN, ça permet d'arrêter les criminels et d’innocenter les... innocents. Et aux Etats-Unis, les tests ADN ont permis de sauver des condamnés à mort. Alors, comment être contre ? Et pourquoi pas ficher toute la population et automatiser le fichier comme cela se fait déjà pour les empreintes digitales ? "
 
En France, l’ADN était initialement prélevé en vue de la résolution des crimes sexuels (2000), puis l’usage du prélèvement s’est étendu aux crimes (2001). Depuis la loi de sécurité intérieure ( LSI) votée le 18 mars 2003 et la loi Perben II du 2 mars 2004, pas moins de 137 infractions peuvent entraîner le prélèvement obligatoire d’ADN. Dorénavant, l’unique suspicion policière prévaut, la LSI précise que ce fichage peut être exécuté sur les seules « présomptions de culpabilité » et appliqué à des délits variés. Cependant on remarquera que les délits d’initiés, de corruption, d’abus de confiance ou d’autorité publique en sont exempts. Se soustraire à l’obligation de prélèvement peut être puni d’un an de prison et de 15.000 euros d’amendes (2 ans et 30 000 euros dans le cas d’une personne condamnée pour crime).
Le fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg) contient à ce jour 480 000 profils génétiques dont 200 000 sur simple présomption, sans qu’aucune condamnation n’ait été prononcée à leur encontre. Pour 2008, l’objectif de l’Etat est d’atteindre le million de personnes fichées. Chaque empreinte génétique est alors conservée pour une durée de 40 ans.
Le fichage ADN ne fait pas de distinguo entre les pédophiles, les auteurs de délits mineurs, les syndicalistes ou militants participant à des actions directes (occupations, réquisitions, fauchages OGM…). Dés lors l’activité syndicale et militante est considérée comme une activité criminelle qu’il convient de contrôler en fichant ses acteurs.
Alors oui, le fichage ADN peut s’avérer utile à la répression de la délinquance sexuelle. En revanche étendre le fichier à toutes les catégories d’individus jugées déviantes par l’Etat s’avère être une menace. De telles informations aux mains d’un régime autoritaire peut être extrêmement préoccupant.
Il suffit de se mettre quelques minutes dans la peau d’un juif ou d’un résistant sous Pétain, d’un progressiste sous Pinochet pour comprendre à quel point les dispositifs sécuritaires développés actuellement en France sont lourds de menace.
Lorsque Nicolas Sarkozy déclare : «
J’inclinerais, pour ma part, à penser qu’on naît pédophile, et c’est d’ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a 1 200 ou 1 300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n’est pas parce que leurs parents s’en sont mal occupés! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable », nous pouvons nous interroger sur l’usage futur de ce fichier ADN dans la mesure où certains laboratoires en biotechnologie tentent à partir d’un simple prélèvement ADN, d’extraire un maximum d’informations sur son propriétaire : portrait-robot, groupe ethnique, maladies congénitales, séropositivité… Dès lors, certains se mettent a rêver que la connaissance de l’ADN de l’ensemble de la population permettra d’identifier les criminels en puissance.
Parfois la fiction devient réalité !